La tentation d’émigrer est présente dans toutes les couches de la société. Jeunes et vieux, hommes et femmes, cadres ou ouvriers, riches ou pauvres, employés ou chômeurs, tous se portent candidats. Le Canada est la destination de choix pour la plupart. Le phénomène prend de l’ampleur. Il a aujourd’hui un caractère massif.


Le désir de rejoindre une autre contrée, si lointaine soit elle, affecte aussi bien la gent masculine que féminine. Mais, cette dernière se montre davantage intéressée, plus déterminée, prête à s’engager à tout moment et s’implique plus passionnément. Sa motivation ? Une vie familiale moins contraignante et une vie sociale plus épanouissante, loin de toute forme de « contrôle social », régentant les conduites comportementales. Loin, très loin, des regards suspicieux, réprobateurs ou inquisiteurs. Les jeunes, pour leur part, mettent en avant leur soif de liberté, de justice et l’accessibilité à un autre mode de vie. Ils ont l’obsession de se soustraire à la malvie, peu importe le coût, l’effort, le sacrifice. Il en est aussi qui recherchent l’opportunité de démontrer des talents artistiques ou professionnels que l’on est convaincu de posséder et que les normes locales contestent.

Le projet d’émigrer peut procéder d’une démarche volontariste ou s’imposer à l’individu sous des pressions résultant d’événements familiaux, professionnels ou sociaux. Il peut obéir à une réflexion mue par de décevantes expériences professionnelles ou encore par un vécu quotidien peu exaltant ou bien être simplement alimenté par des aspirations légitimes à une qualité de vie procurant davantage de confort matériel et moral. Les standards du mode de vie occidental exercent un irrésistible attrait. La migration peut aussi s’inscrire dans une ambition égocentrique : prouver à son entourage qu’on est capable de réaliser l’aventure à laquelle aspire la jeunesse. Elle peut enfin se présenter comme une alternative à la malvie actuelle. L’intention d’émigrer est tenace dès lors qu’elle survient et que l’on entrevoit la possibilité pratique de la concrétiser, de la transformer en réalité à vivre. Emigrer ! Il suffit parfois d’y penser un instant. L’idée évolue ensuite de façon insidieuse, puis s’installe durablement dans l’esprit et finit par s’imposer comme une préoccupation fondamentale. Elle mobilise l’esprit en permanence.

Le grand départ devient un objectif majeur. Lorsque la résolution d’ émigrer est arrêtée, toutes les actions de la personne en tiennent compte et convergent vers ce but ultime. En effet, qu’il s’agisse de planifier des événements de la vie, de gérer ses économies ou tout simplement de s’apprêter à engager des responsabilités, la perspective du prochain départ est toujours présente et s’invite ponctuellement pour influencer le cours des décisions. La perspective de partir empêche l’émergence chez l’individu de tout autre projet impliquant un maintien durable dans le pays. Des renoncements aux plus confortables des situations matérielles sont acceptés. Des perspectives de brillantes carrières professionnelles ou encore d’enviables positions de direction sont abandonnées.

Une fois la décision d’émigrer prise, le sujet gère à distance, avec minutie la progression de son dossier. Il est à l’écoute des modifications législatives en la matière, et redoute leurs conséquences. Il est attentif aux turbulences sociopolitiques ou géopolitiques. Il en évalue instinctivement leur impact sur sa candidature (allongement prévisible des délais de traitement, reconsidération des volumes de flux migratoires autorisés ... ). Les candidats font preuve d’une farouche combativité lorsque des obstacles apparaissent au cours du processus d’émigration. Ils mobilisent leurs énergies, leur temps, leurs moyens matériels et relationnels, pour surmonter les difficultés contrariantes. Toutes les ressources de l’individu sont au seul service du maintien de la candidature. C’est que la perspective de rejoindre le Canada et d’y vivre légalement vaut tous les sacrifices. L’idée de gagner d’autres contrées émerge de façon fortuite. Elle prend forme au détour d’un événement, d’une rencontre ou d’une information anodine. L’image d’apparente réussite sociale ou d’aisance matérielle qu’affichent les émigrants déjà établis n’est pas étrangère à cette volonté de partir pour certains segments de la société. Souvent, cette visible réussite vient renforcer des convictions déjà bien affermies.

La tentation prend l’allure d’une intention résolue dès lors que la personne fait son introspection et dresse lucidement le bilan de sa vie. Le bilan conclut souvent à un échec, à une malvie, ou dans le moindre des cas, à une vie sans perspectives heureuses. La tentation évolue en volonté manifeste de s’en aller lorsque l’individu est confronté à l’incompréhension, ou à des frustrations répétées. Chez ceux-là, les décisions sont tenaces, ils montrent peu de disponibilité à en parler avec leur entourage et demeurent réfractaires à toute argumentation contrariante. Cette tentation gagne des couches de la population que l’on ne pouvait soupçonner de nourrir de tels projets, tant leur apparente aisance matérielle ou leur réel confort intellectuel et culturel sont évidents. Ces élites de la société peuvent, au regard de l’observateur non avisé, paraître prémunies de tels desseins censés intéresser essentiellement des catégories sociales vulnérables.

Les projets d’émigration, lorsqu’ils concernent une cellule familiale ont davantage de chances d’être menés à terme. Le soutien des membres de la famille à ce destin collectif encourage la persévérance et maintient l’espérance. La responsabilité individuelle devient moins pesante et l’assurance de s’en sortir augmente. On est plus confiants dans le succès lorsque les efforts de tous sont mobilisés et les capacités de chacun mises à contribution. C’est l’effet de synergie qui fait avancer, qui renforce la détermination.

Inventaire des motivations
L’éventail des motivations est si large qu’il serait fastidieux d’en dresser l’inventaire. Néanmoins, la population potentiellement immigrante peut être stratifiée en quatre catégories, selon les aspirations profondes d’émigration. La première catégorie, la plus importante en nombre, regroupe, en général, une élite intellectuelle. Ce sont souvent des couples d’un niveau d’instruction élevé (diplômes universitaires et post universitaires). Ils sont cadres dans les secteurs économiques, dans les institutions étatiques ou gens de professions libérales Leur niveau de vie est bon, au regard des standards de consommation du pays. La plupart ont voyagé et sont imprégnés de culture occidentale mais aussi attachés aux valeurs morales de notre société. Contrairement aux préjugés, ils ne sont pas nécessairement francophones. Cette catégorie se caractérise par deux préoccupations majeures qui articulent leur projet. On relève d’abord leurs soucis en matière d’éducation des enfants. Ces familles ont une opinion franchement défavorable de l’école algérienne : autant de valeurs que celle-ci inculque que de l’esprit qu’elle modèle. Ils établissent une relation entre le devenir de leur progéniture et l’évolution sociale prévisible du pays.

Le rapport suscite de l’inquiétude. Ils se démarquent de la société dominante qu’ils jugent archaïque, réticente à l’ouverture d’esprit et peu disposée au progrès social. Signe des temps, ils sont prêts à renoncer à leur confort d’ici pour accéder à une école conforme à leurs attentes ailleurs, même si les conditions matérielles ne seront pas nécessairement meilleures. La seconde préoccupation est liée à leur devenir professionnel. Les perspectives de leur carrière est décevante, ce qui alimente et entretient leur angoisse. Ailleurs, leur devenir leur paraît plus prometteur. Sûrs de leurs habilités, confiants dans la sélection des compétences, convaincus de leurs mérites, ils sont persuadés de leur prochaine réussite dans cet univers qui autorise les espoirs les plus fous : « The american dream » (Le pays où les rêves peuvent se transformer en réalités) ... La persévérance est sans doute le prix à payer. Ils possèdent la rigueur morale et les valeurs intellectuelles, ainsi que la compétence qui augurent de leur chance de réussite. Ils semblent se dire : « Armons-nous de détermination et soyons téméraires pour agir sur le destin. » Cette population se singularise par sa rationalité et sa cohérence.

Cette catégorie est formée de personnes qui évaluent tout, comparent, murissent leurs décisions et planifient leurs actions. Ce sont des cartésiens. La seconde catégorie est constituée de gens qui agissent par dépit. Ceux-là sont sans projet d’immigration planifié, n’ont aucune perspective de vie réfléchie et organisée, et parfois même, sans destination arrêtée. Ils s’en vont davantage pour quitter le pays, pour fuir une existence inconfortable, et non pas nécessairement pour rejoindre une contrée précise. Ils sont mus par le ressentiment. Leur certitude : ailleurs ne peut être que meilleur qu’ici. C’est partir par dépit. Ils se fient à leurs pulsions pour satisfaire leurs profondes aspirations, le pays d’accueil importe peu. La confusion est dans leur état d’âme. Ceux qui agissent par dépit dénoncent par leur acte un ordre social imparfait, injuste, inique. Leur action tient de la révolte, d’un refus de résignation. Bref, ils marquent leur détermination à se soustraire à un environnement globalement agressif et oppressif à leur égard. Cette catégorie est constituée essentiellement de jeunes, confrontés à de dures réalités de la vie quotidienne.

Leur décision d’émigrer est circonstancielle. Elle est guidée par l’émotion plutôt que par la raison. Elle est davantage impulsive que rationnelle. Ce type de décision est dicté sous la pression d’un contexte économique et culturel défavorable, voire oppressant. Cette classe d’émigrants recherche un changement radical de son sort, immédiat, quel qu’il soit. Les intentions d’immigration orientées par de tels mobiles instaurent les conditions de l’échec et conduisent parfois à des regrets. Les stratèges. Ceux-là visent à conforter leur position économique et sociale déjà fort enviable. Ils sont à l’affût de tout ce qui peut rehausser encore plus leur statut. Leur objectif est de s’approprier les privilèges que confère une seconde nationalité : la citoyenneté canadienne. Celle-ci, on le sait, ouvre toutes sortes de perspectives. Elle facilite les déplacements à travers le monde, octroie de la respectabilité dans la société et donne du crédit dans les négociations aux fins de transactions de toutes natures. Ils ont rarement la volonté de s’installer définitivement outre-Atlantique.

Dans des pays tels que le Canada, il n’est pas aisé de s’ériger en « capitaines d’industrie ». La facilité d’y accumuler des capitaux est incertaine. L’environnement institutionnel des entreprises se prête mal aux subtils arrangements concertés, pour booster les affaires. Par contre, ils montrent le plus grand souci à y installer leurs enfants, garçons ou filles, à titre d’étudiants de préférence, mais demeurent toutefois réceptifs à toute autre option qui garantisse un statut de résidant permanent, à terme. Enfin, on peut identifier un quatrième groupe moins homogène. Il est constitué de gens qui affichent un curriculum vitae peu consistant, chez lesquels on relève une formation « approximative » et une profession aux contours mal définis. Ils étalent une expérience de travail faite de vagues taches dans des domaines variés.

Leur parcours professionnel atteste d’une instabilité au travail. Les motivations de ce segment d’émigrants potentiels sont variables et parfois étranges. On y observe ceux qui sont en quête de reconnaissance sociale ou professionnelle, convaincus de posséder de remarquables talents et habiletés que l’environnement local leur conteste, car dépourvus de l’atout du savoir. Ils partent valider ailleurs un statut douteux. Sous l’emprise de considérations subjectives, ils sont persuadés que la chance va leur sourire. Ils guettent la manifestation de la providence. Cette catégorie recèle aussi les roublards qui considèrent les sociétés occidentales comme naïves, crédules, faciles à duper, en raison de la simplicité de leur mode de fonctionnement, de la transparence de leurs activités, de leur franchise dans les relations interpersonnelles. Ils pensent s’émanciper par l’exploitation de cette vulnérabilité, de cette fragilité détectée chez les hommes ou dans le système de vie. Confiants dans leur art discursif, ils voient dans ces sociétés une aubaine pour leur ascension sociale. Intégrons aussi dans cette population ceux qui subliment le Canada, considérant que ce pays « offre tout », sans peine et sans efforts.

Cheminement psychologique
Pour le commun des candidats, la décision d’émigrer est complexe, porteuse à la fois d’espoirs, d’inquiétudes et d’angoisses. Elle place l’individu dans un état psychologique conflictuel. La décision engage autant la sphère affective que rationnelle. Le départ est un moment redouté, chargé d’émotivité car il induit des séparations, des ruptures. Il annonce un changement de mode de vie exigeant une difficile adaptation. Il ouvre sur la découverte d’un nouvel environnement spatial, climatique, relationnel, et technologique, inhibant au premier abord. Alors l’émigrant rationalise sa démarche : il se persuade qu’il s’achemine vers un horizon d’espoir, de bonheur, de progrès, de justice, d’éthique, ou, plus simplement vers tout ce qui fonde la réussite basée sur le mérite. Le projet d’émigrer interpelle l’intelligence, sollicite le sentiment et convoque la morale, car gérer les ruptures, dénouer le conflit, ne sont pas choses aisées.

En fait, dans la réalité, les raisons qui fondent le projet d’émigrer ne sont pas aussi nettement segmentées. Les motivations sont multiples, souvent confuses et imbriquées. Cependant, on y trouve toujours une raison principale qui justifie la décision. Cette raison déterminante forme un argument majeur, un socle sur lequel viennent se greffer d’autres considérations sous-jacentes. Celles-ci renforcent l’intention, affermissent la volonté, dissipent les doutes et les appréhensions. Dans un projet d’émigration, l’assentiment des proches, et particulièrement des parents, est souhaité, voire sollicité. C’est une forme de bénédiction à laquelle adhérent même les moins croyants. En effet, un départ c’est d’abord la déstabilisation de la famille, au sens large.

Des parents tenteront, vainement, d’influencer le cours de la décision, dans le sens de dissuader, de mettre un terme à l’initiative. Souvent, ce sera sans effet, car leur argumentation fait appel à des justifications qui attestent d’elles-mêmes qu’on n’a pas saisi la véritable motivation de la décision. Encore de l’incompréhension ! De l’incompréhension, même dans les cercles les plus proches. De l’incompréhension chez ceux-là mêmes qui sont censés partager notre sensibilité, notre analyse, nos légitimes ambitions, nos attentes réalistes ... Un départ, c’est aussi la douleur de tout abandonner, de tout quitter : des amis, un vécu, des lieux communs témoins de notre jeunesse (avec ses joies, ses chagrins, et ses peines), de notre errance et de nos promenades romantiques..

Un pays magique
Si les ressorts motivationnels sont distincts pour les différents groupes, la représentation mentale du Canada est, dans l’ensemble uniforme. La destination fait rêver. Le rêve est fondé sur des réalités objectives. C’est la dimension attractive du pays. Mais le Canada a aussi ses inconvénients, ses tares, ses inconséquences qu’il se garde bien de propager dans l’espace international. Examinons sommairement ces deux facettes du pays.Le Canada est un pays sublimé, idéalisé. Son évocation renvoie à un univers fantastique. Il alimente les fantasmes. Pays magique, pays fabuleux, il exerce une irrésistible attractivité. Une nature spectaculaire. C’est le pays de tous les superlatifs ....... Il impressionne d’abord par ses étendues infinies. Bordé par deux océans, d’est en ouest, il offre des contrastes saisissants, de la façade atlantique à la chaîne des Rocheuses, en passant par les vastes prairies aux récoltes légendaires. Il faut 8 heures de vol en avion pour traverser le pays. Evidemment ! Sa superficie fait 4 fois celle de l’Algérie (Sahara compris). Ses milliers de lacs et de cours d’eau couvrent une fois et demie un territoire de la taille de la France. Ses innombrables parcs préservés à l’état naturel ou aménagés aux fins de détente façonnent un espace verdoyant en permanence . . L’immensité et la diversité de sa prodigieuse nature (végétation, flore et faune), protégée de la pollution, demeure encore saine.

Le territoire est couvert par six fuseaux horaires. Dans les régions d’extrême nord, la nuit dure moins de deux heures en certaines périodes. Ces réalités géophysiques semblent avoir imprimé à la culture canadienne ce grand respect de la nature. Le Canada a une réputation établie d’être le grand défenseur de l’environnement. Il donne, dans ce domaine, l’exemple aux nations, même lorsque ses engagements le placent dans une position inconfortable vis-à-vis de son géant voisin américain. La conscience environnementale est fortement ancrée chez le citoyen. En effet, les penchants du Canada pour le respect et la défense de l’environnement sont aussi naturels puisqu’ils remontent à un lointain passé. Déjà, les populations autochtones, (amérindiens et Inuits) vivaient et vivent encore en symbiose avec la nature. Grand protecteur de la nature, le Canadien est également jaloux de son patrimoine culturel façonné, pourtant, par une histoire relativement courte, au regard de l’échelle de l’histoire universelle.

On comprend dès lors la passion et la fascination des gens pour le Canada. Cette image marquante du pays s’exprime de maintes manières. Exhibition des couleurs ou de la feuille d’érable, lors des manifestations sportives, à l’instar des fans du CRB. Graffitis sur les murs glorifiant le Canada. Chansonnettes et clips élogieux, mais au verbe corrosif, dans le pur style humoristique algérien Le Canada, pays du gigantisme en tous genres, pays de la démesure, abrite un peuple dynamique, résolument orienté vers le futur. D’une témérité sans pareil, il cultive les ambitions les plus folles. Son ardeur et son endurance au travail lui procurent les moyens d’une vie exaltante. Des hommes et des femmes pleins de vitalité, fougueux, souvent audacieux, portés sur les défis, l’initiative et l’aventure. Leur système éducatif, l’un des plus performants au monde, les dispose à la créativité et à l’innovation. Imaginatifs, ils s’impliquent dans des aventures les plus téméraires, Leurs exploits ont marqué de prestigieux domaines dans les sciences, les sports ou les arts.

Certaines de leurs réalisations méritent bien l’appellation de défis. Citons des exemples. Commençons par les « down towns » (centres villes) arborant une architecture moderne faite de gratte-ciel suréquipés de technologies sophistiquées. Ces technologies qui permettent d’optimiser la gestion de la sécurité, d’assurer l’alimentation en énergie et autres utilités de façon sûre et rentable, de contrôler le comportement des fluides, de surveiller la circulation et la qualité de l’air, de suivre les flux de passants .... Le tout, évidemment, avec ce souci constant du « moindre coût ». Les nombreux gratte-ciel communiquent entre eux par des galeries commerçantes souterraines, très achalandées. A Montréal, ces galeries totalisent un trajet de 20 kilomètres, et c’est pourquoi on parle de ville souterraine. Alors que dans bien des contrées, les ingénieurs s’abstiennent d’engager le coulage de béton dès lors que les températures baissent ou avoisinent le 0°C, ici on exécute ce type d’opération sous des températures de - 40° Celsius. Il est vrai que les moyens mis en œuvre sont à la hauteur de la complexité de la tâche. Formidable prouesse technologique, le Canada est le maître d’œuvre du pont de la confédération qui relie l’île du Prince Edouard au continent. Ce pont d’une longueur de 22 km (le plus long du monde ?), est porté par des poteaux ancrés dans le sol de l’océan Atlantique. Désormais, la traversée en voiture est rendue possible. Le public, hors Amérique, ignore souvent les performances du Canada dans le secteur aérospatial. Pourtant, le bras qu’articule la navette spatiale américaine est bien le produit de l’industrie canadienne.

Les candidats, engagés sur le projet d’émigration vivent au rythme du Canada : ils regardent TV 5, s’informent du mode de vie, se connectent sur des sites qui leur renvoient l’image d’un pays heureux, où il fait bon vivre, où les citoyens baignent dans le bonheur. Selon un classement international, sur les 10 villes au monde où il fait bon vivre, trois sont canadiennes. C’est tout dire. Le fabuleux été indien fait partie des atouts qui font du Canada une destination sans pareille dans le monde. De splendides parcs et des milliers de lacs aux étendues infinies ont façonné la topographie du territoire à l’image d’un gruyère.

Pays honorable
Dans l’imaginaire des élites des pays émergents, le Canada tient une place à part parmi les nations occidentales. Il se distingue par des qualités qui l’honorent et qui font la grandeur et la fierté de son peuple. D’abord, son action dans les affaires internationales est en parfaite harmonie avec la philosophie et les principes qui guident son système de gouvernance et l’éthique. Il s’interdit d’être belliqueux, belligérant et abhorre l’arrogance qu’affichent quelques grandes nations. Porté sur la défense de l’environnement, il donne l’exemple par son dispositif juridique en la matière, par ses programmes pragmatiques et l’importance des ressources qu’il leur alloue. L’engagement n’est, pour le Canada, pas un vain mot. Premier pays dans le monde à honorer ses responsabilités internationales en matière d’asile et de protection des réfugiés, il accueille chaque année quelque 30 000 réfugiés (36 800 en 2008). A cette honorable conduite s’ajoutent les différentes aides qu’il octroie dans divers programmes au profit des peuples démunis.

C’est le pays qui contribue le plus à l’aide aux pays sous-développés, en y consacrant un taux significatif de son fabuleux PIB. Il est présent dans l’action humanitaire par ses médecins et autres compétences mises à contribution par le gouvernement. Les initiatives privées (personnalités ou organisations) participent à ces élans de générosité. La constance de ses positions et de ses actes dans le domaine des droits de l’homme, affirmées en toute occasion, recueillent la reconnaissance partout dans le monde. Par ailleurs, le Canada a toujours réagi avec une remarquable promptitude aux appels de détresse émanant de pays touchés par des catastrophes de toutes natures. Son assistance est politiquement désintéressée.

Il est conséquent dans son propos et dans ses actes ... Ce pays des droits, des libertés, de la tolérance, a la capacité de s’ouvrir à la diversité à grande échelle. Le Canada accueille sur son territoire 250 000 immigrants par an en moyenne et environ 240 000 autres en séjour temporaire (étudiants et travailleurs temporaires principalement). Ces populations proviennent de tous les pays du monde, de toutes les ethnies et de toutes les confessions religieuses. Le Canada inspire aux nations et à leurs élites politiques respect et considération. L’attachement farouche à sa liberté de décision politique, en conformité avec l’esprit et la lettre de sa célèbre charte des droits et libertés (document annexe à la Constitution), amène le Canada à adopter dans le concert des nations, des positions courageuses qui irritent parfois, son terrible voisin, les USA.

Ces attitudes sont d’autant plus respectables que les échanges économiques avec les USA avoisinent les 90 % de son commerce extérieur. L’exemple illustratif est ce refus catégorique opposé à l’envoi de ses troupes en Irak, pour la seule raison que la mission n’est pas conforme à la légalité internationale, c’est-à-dire non couverte par un mandat de l’ONU. Bush s’en est offusqué, mais le Canada ne badine pas avec la légalité. Ni les affinités culturelles qu’il partage avec les USA, ni l’interdépendance de leurs économies, ni les liens humains très forts et très denses, ne peuvent affecter le caractère souverain des décisions. Si le Canada emprunte beaucoup aux USA dans de nombreux domaines, et particulièrement dans les innovations et techniques, il se garde bien de s’en inspirer systématiquement. C’est ainsi que les récents désordres financiers vécus par les USA, ont été contenus à la frontière américaine. Le secret ? Les banques canadiennes sont encadrées par une réglementation qui leur interdit des initiatives ou des risques inconsidérés.

La société canadienne, suffisamment homogène, s’abstient de bouleverser l’ordre social et économique établis. Elle est réticente à l’aventure politique. Conservateurs ou libéraux au pouvoir (les deux grands partis politique qui rythment l’alternance au pouvoir), les projets politiques sont globalement semblables. Les confrontations portent sur des sujets mineurs. Ils s’opposent rarement sur des questions essentielles. L’intérêt général et le souci de l’image positive du Canada dans le monde prédomine chez tous. Ce tableau idyllique est assez incitatif pour encourager les indécis à immigrer. Cependant, gare aux déconvenues ! Sur place, des réalités moins réjouissantes risquent de surprendre.

A suivre

M. C. O. H. : Consultant en immigration agréé par csic canada Membre fellow de l’Institut canadien de la migration

Source: http://www.elwatan.com/Immigration-au-Canada-Des

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