Des dizaines d’Algériens ont organisé samedi un rassemblement de protestation devant le siège de SNC-Lavalin à Montréal pour exiger la vérité sur la corruption de cette compagnie canadienne pour l’obtention de marchés en Algérie.

Depuis la réalisation du Maqam Chahid en 1982, le géant canadien de l’ingénierie a bénéficié de plusieurs contrats dans les infrastructures publiques. Les manifestants qui ont répondu à un appel sur les réseaux sociaux ont brandi des pancartes par lesquelles ils dénoncent les “relations floues” entre SNC-Lavalin et les autorités algériennes. “Arrêtez de financer nos dictateurs”, “Vérité sur la corruption en Algérie”, “SNC-Lavalin, halte à la corruption”, “L’Algérie n’est pas à vendre”, pouvait-on lire sur certaines pancartes exhibées devant l’entrée principale de l’entreprise canadienne.

Les manifestants ont, en outre, exigé la restitution de l’argent de la corruption en Algérie.  L’action de ce samedi se voulait également une interpellation des dirigeants de la multinationale à “respecter leur charte d’éthique et leur responsabilité sociale et environnementale dans leurs réalisations en Algérie”. “C'est aussi un message aux corrompus algériens que Montréal et le Canada ne seront pas des terres d'asile faciles ni pour eux ni pour leurs biens et avoirs mal acquis”, tempête un manifestant. Impliquée dans nombre d’affaires de corruption et de pots-de-vin, SNC-Lavalin s’est vue blacklistée par la Banque mondiale.

La compagnie SNC-Lavalin inc., une filiale du groupe, est, en effet, suspendue pour une période de 10 ans et ne peut donc soumissionner pour des projets financés par le groupe de la Banque mondiale. La multinationale canadienne a versé des pots-de-vin pour obtenir des marchés en Algérie pendant 10 ans. Pas moins de six contrats ont été raflés entre 2000 et 2005. Les contrats ont été obtenus grâce à un intermédiaire qui a empoché une ristourne de 22 millions de dollars.

Cet argent a été placé dans un paradis fiscal des îles Vierges britanniques, selon une enquête de Radio-Canada. En 2005, SNC-Lavalin a obtenu le projet de construction de l’usine de traitement des eaux du barrage de Taksebt à Tizi Ouzou pour un montant de 750 millions de dollars. La compagnie s’est associée avec le Québécois Tony Accurso, accusé par la justice de fraude fiscale.

Des employés de SNC-Lavalin, qui étaient sur place à Tizi Ouzou pendant la réalisation du chantier, ont fait état de “dépenses injustifiées” de quelque 10 millions de dollars pour, entre autres, l’achat de voitures de luxe, dont certaines ont été livrées à l’extérieur de l’Algérie. Une partie de l’argent du projet de Taksebt se serait retrouvée dans des comptes à Genève.

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