Ce n'était pas arrivé depuis les Jeux olympiques de 1980 : les Jeux de Londres se dérouleront pendant le ramadan, qui débute cette année le 20 juillet. Pas moins de 3 500 athlètes de confession musulmane sont concernés. Jeûner ou ne pas jeûner, telle est la question pour ces sportifs de haut niveau, c'est-à-dire ne pas boire ni manger du lever au coucher du soleil pendant les Jeux olympiques, qui débuteront le 27 juillet.

Le franco-algérien Mohamed-Khaled Belabbas respectera le ramadan pendant les Jeux. "Je ferai comme j'ai l'habitude de faire. Ce n'est pas une nouveauté pour moi", a précisé le coureur à France 24. Sur le site de Voice of America, Muhammad Abdul Bari, directeur d'une mosquée de Londres et membre du comité d'organisation olympique, explique que le plus gros problème pour ces athlètes sera le manque de sommeil, car "ils devront se lever très tôt pour pouvoir manger quelque chose". Au contraire, pour le joueur de hockey britannique Darren Cheesman, le jeûne est un atout : "Le ramadan me donne encore plus de force, cela améliore mes capacités sportives plutôt que de les restreindre."

UNE LOGISTIQUE PARTICULIÈRE POUR LE RAMADAN

Le comité olympique a mis en place une logistique particulière pour les sportifs musulmans. "Sur chaque lieu de compétition, de la nourriture sera apportée pour que les sportifs puissent rompre le jeûne au coucher du soleil. Les restaurants du village olympique seront également ouverts toute la nuit", explique France 24.

Une autre initiative, Iftar 2012, a vu le jour. "Les mosquées participant à cette opération serviront des repas de rupture du jeûne aux sportifs et aux touristes musulmans, mais également à tout hôte qui se présentera", précise France 24. Les sportifs ne sont pas les seuls concernés en effet. "Des dizaines de milliers de spectateurs et de membres du personnel des Jeux respecteront eux aussi le jeûne", note Voice of America.

En mai 2012, le New York Times avait déjà interrogé des dizaines de musulmans participant aux Jeux olympiques 2012 : "Aucun d'entre eux n'a dit qu'il jeûnerait pendant toute la période des Jeux, raconte le journaliste, la plupart ont expliqué qu'ils n'avaient pas encore décidé ou qu'ils allaient différer leur jeûne."

FATWA POUR LES ATHLÈTES MUSULMANS

Les athlètes des Emirats arabes unis profitent ainsi d'une fatwa, qui les exempte de jeûne. "Le grand mufti de Dubaï, cheikh Ahmed Al-Haddad, a déclaré que les joueurs qui ne jeûnent pas pourront se rattraper après la compétition", a précisé Mahdi Ali, l'entraîneur émirati de l'équipe olympique de football, au site sportif Al Bawaba. Le Maroc "a également sollicité les oulémas du pays pour qu'ils émettent une fatwa du même type. Une décision est attendue dans les prochains jours", relate France 24 le 20 juillet.

Le magazine Time évoque, lui, le cas de la boxeuse afghane, Sadaf Rahimi : "Ghulam Naseri, un islamiste érudit de Kaboul, sa ville natale, a expliqué que le Coran fait une exception pour les voyageurs", rapporte le magazine américain. A son retour en Afghanistan, l'athlète compensera ses jours de jeûne manqués pendant les Jeux, mais préfère être au maximum de ses capacités pendant la période.

L'athlète Moe Sbihi a quant à lui choisi de faire une bonne action faute de pouvoir respecter le jeûne. Le rameur britannique versera de l'argent à l'association Walou4us, qui s'occupe d'enfants de la rue au Maroc, pour compenser. "Je voulais payer mon dû et je suis très heureux de pouvoir le faire", a-t-il expliqué au Daily Mail.

Ce n'est pas la première fois que le calendrier religieux vient se heurter à celui des Jeux. Plusieurs journaux rappellent le précédent de Eric Liddell aux Jeux de Paris en 1924, qui a fait l'objet d'un film, Les chariots de feu, en 1981. Ce chrétien avait refusé de participer au 100 mètres, car il avait lieu un dimanche. A la place, il avait couru le 400 mètres et battu le record du monde, s'octroyant la médaille d'or.

Source: Le Monde - 20 juillet 2012