Les Etats-Unis relancent leurs projets au Maghreb à travers l’initiative privée.



C’est l’idée essentielle du North Africa Partnership for Economic Opportunity (Partenariat nord-africain pour les opportunités économiques, Napeo) annoncée mercredi dernier à Alger à la faveur de la première conférence sur l’entrepreneuriat Maghreb-USA. Si le choix d’Alger n’est pas fortuit pour la tenue de cette rencontre, Washington entend tirer profit de l’expérience de l’initiative Eizenstat du nom de l’ancien secrétaire américain au Trésor. Une initiative qui considère le Maghreb comme un ensemble économique. «Nous avons acquis dix ans de sagesse de plus après le lancement de l’initiative Eizenstat. Les Etats-Unis ont choisi de s’engager dans cette région, non seulement parce qu’elle est l’une des plus importantes au monde, mais aussi parce que, dans un monde globalisé, nos destins économiques sont liés», a déclaré José Fernandez, secrétaire adjoint américain à l’Economie et  à l’Energie.

Cela donne une clarté au nouvel engagement américain dans la région. En plus du partenariat public-public, les Etats-Unis estiment que le partenariat privé-public peut faire bouger les lignes, rapprocher les pays de la région, au moins sur le plan économique, et éloigner l’idée que Washington ne s’intéresse qu’au Moyen-Orient. «Ce mécanisme constitue un nouveau partenariat public-privé pour les entrepreneurs  afin de mieux relier les chefs d’entreprises des Etats-Unis à ceux de l’Afrique du Nord», a expliqué le département d’Etat, dans un communiqué rendu public mercredi soir à Washington. Dans cette initiative, la Libye et la Mauritanie ne sont pas mises à l’écart, ce qui dénote déjà d’un changement sensible par rapport à l’ancienne configuration qui ne prenait en compte que le Maroc, l’Algérie et la Tunisie.

«Le Napeo vise à favoriser le renforcement de l’engagement économique des Etats-Unis dans le Maghreb et les opportunités  économiques dans la région à travers les start-up, la formation, un meilleur  accès aux financements et à inspirer les jeunes entrepreneurs à jouer un rôle dans la création d’emplois», est-il détaillé dans le même communiqué. La nouvelle initiative, qui semble avoir été bien réfléchie, s’articule donc sur la promotion jeunesse et sur les rapports avec les milieux universitaires et scientifiques. Le concept anglo-saxon du réseau est également mis en avant pour que le Napeo prenne forme. «Nous allons travailler ensemble afin de créer des centres d’excellence pour qu’on puisse faire connaître et partager les bonnes pratiques et mettre en place des réseaux entre les entrepreneurs aux Etats-Unis et au Maghreb. Il ne s’agit pas uniquement de réseaux mais également de financements.

Des financement destinés aux jeunes entrepreneurs», a expliqué José Fernandez. Le centre de l’excellence, qui sera basé au Maroc, aspire à terme à créer des liens entre les écoles de commerce américaines et maghrébines. Un incubateur de nouvelles technologies sera également élaboré, basé sur un institut virtuel (via Internet) d’échanges d’idées et d’expériences. L’Algérie a déclaré son soutien à la nouvelle initiative américaine qui, selon Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie et de la Promotion de l’Investissement, vise à concrétiser un partenariat transatlantique.

Washington, qui n’ignore pas que de grandes facilités seront données aux investisseurs français en Algérie après une période de crise, entend utiliser tous les instruments pour approfondir la coopération économique. Reçu par Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, José Fernandez, cité par l’agence APS, l’a clairement dit : «La volonté des Etats-Unis est d’avoir une plus large présence en Algérie.» «J’ai exprimé à M. Medelci notre volonté de trouver plus de moyens de travailler ensemble dans les secteurs privés et publics en Algérie et nous avons  également discuté des opportunités de renforcer les relations bilatérales», a-t-il ajouté. Alger serait-elle devenue la nouvelle porte du Maghreb ? A Washington, le département d’Etat (et pas le département du Commerce) a annoncé que les ministres maghrébins en charge de l’Economie rencontreront chaque année leur homologue américain. La prochaine conférence sur l’entrepreneuriat Maghreb-USA aura lieu à Rabat en 2011.

Source: El Watan