Abdelkader Belaouni est libre. Jeudi dernier, le ressortissant algérien a reçu d'Ottawa la permission de rester au pays. Reclus depuis trois ans et neuf mois dans l'église Saint-Gabriel, à Montréal, il est sorti pour l'une des premières fois ce matin.

«Il ne faut jamais lâcher. Jamais lâcher», a-t-il répété sur le parvis de l'église, où il a longuement remercié ses amis et le père Jim MacDonald, qui lui offre l'hospitalité depuis le 1er janvier 2006. Émus, les membres du groupe qui réclamaient depuis près de quatre ans un statut de résidant pour M. Belaouni, ont applaudi leur ami après sa sortie de l'église.

«C'est un moment de grande émotion, a lancé Nora Burke, une amie. Nous le connaissions avant qu'il entre dans cette église... et nous avons pleuré lorsque nous avons appris qu'il peut enfin sortir.»

Aveugle, Abdelkader Belaouni s'était réfugié dans l'église du quartier Pointe-Saint-Charles après avoir reçu un avis d'expulsion du pays. Il vit depuis dans une chambre modeste.

L'avocat de M. Belaouni, Jared Will, affirme ne pas savoir pourquoi Immigration Canada a soudainement levé l'avis d'expulsion contre son client. «On est juste très contents du résultat, même si ça a pris un peu trop de temps», a-t-il dit.

Dans les prochains jours, Abdelkader Belaouni ira vivre chez des amis. Ensuite, il compte louer un appartement, lancer un disque et travailler dans un centre pour immigrants.

«Je veux avoir une vie normale», a-t-il expliqué, avant d'ajouter qu'il se sent «fatigué».

L'Algérien d'origine a vécu à New York entre 1996 et 2003. Il a quitté les États-Unis en 2003, inquiet de la méfiance envers les immigrants musulmans qui suivait les attentats du 11 septembre 2001.

Une fois au Canada, il a tenté d'obtenir un statut de résident permanent, sans succès jusqu'à jeudi dernier.