Alors que le réseau téléphonique 3G/3G+ n'est toujours pas disponible sur l'ensemble du territoire en 2010, les opérateurs pensent déjà à la 4G pour 2011. Plus rapide, elle permet des échanges de données gigantesques et offre des perspectives sans précédents.

 


Le smartphone, téléphone intelligent largement répandu et congestionnant peu à peu les réseaux 3G. Pour solutionner le problème, les opérateurs appellent la 4G (ou LTE, pour Long Term Evolution) à la rescousse : plus rapide, elle ouvre de nouvelles perspectives en matière de téléphonie, de web et de services mobiles. Lancée en 2004 par SFR et Orange, la téléphonie 3G était la grande copine de la visio, cette option hors de prix qui permettant de voir son interlocuteur et obligeant à des postures pas forcément parmi les plus intuitives pour un téléphone.

Très vite, les smartphones et la navigation web mobile se sont accaparés la technologie afin de faire transiter les données, la « data ». Année 2010, six ans après le lancement de la 3G, le réseau rapide UMTS couvre, d’après l’Arcep (L’Autorité de régulation des télécoms), entre 80 et 90 %, selon les opérateurs, des utilisateurs de téléphones mobiles.Un ratio qui revient à environ 50 % du territoire couvert.

Plus rapide et gourmand que les capacités que lui offre le réseau 3G, le smartphone, avec l’avènement de l’iPhone et ses applications en masse et Android qui suit le même chemin (en attendant le prometteur Windows Phone 7), a besoin de tuyaux plus grands pour obtenir les infos et les données. Et ce n’est pas tout ! Avec l’apparition des clés 3G/3G+, des futurs smartbook embarquant une carte SIM 3G, le futur iPad 3G (sortie annoncée pour le 28 mai prochain), l’arrivée prochaine d’appareils photo connectés au réseau pour transférer ses clichés, la 3G n’est pas prête de souffler.

4G = 3 x 3G+

Une étude de Booz et Cie, sortie à la fin de l’année 2009, avance que nous serons près de 400 millions à utiliser un terminal mobile connecté en 3G/3G+ ou au-delà. Mieux (ou pire, selon le point de vue), 54 % des Européens se seront équipés d’un smartphone 3G/3G+ d’ici à la fin de l’année 2010 et quelques 50 milliards de produits connectés feront leur apparition dans les poches des consommateurs dans les 15 prochaines années, selon une estimation du Groupement des industriels de la téléphonie mobile.

Il y a donc urgence pour tous les acteurs du secteur. Avec ses théoriques  100 mégabits par seconde en transfert de données, la quatrième génération des réseaux téléphoniques multiplie par trois les capacités offertes par la 3G !

La 4G en sauveur des réseaux, un scénario qui devrait prendre corps entre la fin de l’année 2010 et le début 2011. Les premières mises en place des stations compatibles seront tout d’abord effectuées dans les zones à forte densité démographique. Une mise en place facilitée par la transformation d’un réseau 3G en 4G, plus proche d’une mise à jour logiciel que d’une restructuration complète d’une station réseau. Un « soulagement » pour les opérateurs, qui ont longtemps grogné contre l’arrivée apparemment prématurée de cette 4G, prétextant des dépenses faramineuses dans la 3G de leurs propres deniers (et toujours pas rentabilisés). Mais la pression exercée par un réseau de plus en plus propice à l’engorgement pousse tout le monde à la réflexion et l’accélération de la mutation vers la 4G. Rappelons que New York en a vécu l’amère expérience avec un écroulement total de son réseau 3Gà Noël dernier à cause de trop nombreuses connexions data depuis le smartphones (l’opérateur AT&T a même suspendu les ventes d’iPhone pour ralentir le débit). Et la prise en charge de cette mutation des stations réseaux par des pros de la connexion comme Qualcomm (conception de matériels et systèmes compatibles) ou ZTE facilite aussi la tâche aux trois opérateurs.

Pour quels services ?

Avec un tel tunnel de transfert, les possibilités d’exploitations sont nombreuses. La TV sur mobile va pouvoir bénéficier d’un débit plus qu’acceptable et, du coup, il se pourrait bien que des mobiles dotés d’écrans encore plus grands débarquent en 2011. La navigation web mobile va également connaître une révolution, avec des temps de chargements de pages insignifiants et une expérience de surf équivalente à ce que l’on observe devant son ordinateur de bureau. Enfin, grande évolution et non des moindres, la voix, un peu la base d’un réseau téléphonique, va gagner en qualité.

Car à l’arrivée de la 3G, les opérateurs promettaient une amélioration des conversations téléphoniques. Cela n’a jamais été le cas, l’ampleur prise par la data ayant cannibalisé tout autre développement. A vrai dire, les stations GSM/2G/3G+ n’ont pas beaucoup de différences dans leur traitement de la voix, avec une capacité de 65 à 70 appels en simultané (maximum sans venir perturber lourdement le réseau data).

Avec la 4G, c’est tout l’univers de la conversation qui est repensé. Le nombre d’appels simultanés passent à plus de 200 et surtout, les appels ne passent plus par le réseau traditionnel de la voix mais par les canaux « data ». En gros, les stations encapsulent les appels et les transforment en données. Un peu comme si chaque appel était réalisé en VoIP. La conséquence ? Une qualité d’écoute et de conversation sans précédent sans pour autant perturber la partie données. Reste à savoir comment va se passer la cohabitation entre les réseaux 3G+ et 4G, même si elle devrait être plus simple que lors du passage 2G et 3G. Et surtout, quels produits seront compatibles et quand. Des tests sont réalisés un peu partout en Europe (dont la France) par les opérateurs influents et Samsung, par exemple, équipe déjà le marché scandinave d’une clé 4G (notre photo).

Les produits, quels produits ?

Nous aurions pu vous parler du premier terminal mobile à sortir dans le marché avec une compatibilité 4G. Le LG GW990, évoqué lors de notre visite du salon WMC de Barcelone en février dernier, vient d’être annulé… Au rayon des terminaux connus pour leur positionnement sur la 4G, il ne reste plus que le Nokia RD-3 (photo ci-contre), dont on ne sait pas grand chose, si ce n’est qu’il est effectivement paré pour la 4G LTE, qu’il possède un écran tactile coulissant accompagné d’un clavier physique.

Finalement, ce sont bien les clés 4G qui pourraient les premières faire la promotion du LTE. Qualcomm mise gros sur l’équipement en dispositifs compatibles sur ce type de produits (ou intégrés au sein d’un netbook ou smartbook). La fin d’année devrait être le théâtre de quelques apparitions intéressantes en Métropole. Mais il faut tout de même garder à l’esprit qu’au même titre que la 3G et la 3G+ à leur lancement, plusieurs mois seront nécessaires avant d’avoir à disposition des offres et surtout des terminaux capables d’utiliser au mieux le potentiel de la 4G. Par ailleurs, avec les sommes considérables investies dans la constitution et diffusion du réseau 3G/3G+, les opérateurs vont poursuivre encore longtemps leur exploitation de la technologie, déjà dépassée, donc.

Source: TechYou