Le plus bel hommage à Matoub a été conçu par la jeune Sghira de la Troupe Tafsut de Montréal.

Tafsut est une troupe de chants de danse de Kabylie, Algérie. Elle a été créée par Madame Tassaadit Ould Hamouda. Deux femmes : Farida Abdmezian et Sghira Haddadi avaient dansé pour Matoub. Il faut dire que Sghira, la fan de Matoub depuis sa tendre enfance a travaillé fort, très fort même pour concevoir une chorégraphie extraordinaire en s'inspirant de la chanson de Takfarinas Yella Yella ( Matoub n’est pas mort) en guise d'hommage au chantre de la chanson amazighe qu'était et que sera toujours Matoub Lounès.

Cette danse qui commence par et dans la douleur, le sang, l'enterrement, les chocs multiples, finit par le beau sourire des ces deux femmes kabyles. Un sourire qui symbolise cette Kabylie rebelle, résistante pour dire que Matoub est toujours parmi nous, parmi les siens et que son combat est porté par des millions d’ Imazighens ( Berbères) à travers le monde et surtout chez lui, chez nous en Kabylie. Les danseuses militantes portaient des costumes noirs et cachaient leurs beaux visages avec des voiles rouges. Les couleurs qui nous renvoient au deuil et au crimes continus qui rongent la Kabylie et l’Algérie entière depuis plus de dix, plus de 40 ans, plus de 14siècles. Terrible destin qu’est celui ce beau pays qu’est l’Algérie. La fin de la danse scande des voiles blancs. Blanc de l'espoir et de la détermination. Blanc de la justesse du combat de Matoub et de sa cause qui sont ceux de son peuple. Blancs comme les cœurs des Mères kabyles qui ont porté à travers les siècles la langue, la mémoire et l’identité de toute l’Afrique du Nord.
Cette danse, Montréal a eu la chance et même l'honneur de la voir le 22 juin au Gesù lors de l'hommage que l’association amazighe de Montréal Tirrugza avait rendu à Lounès Matoub. Le 24 juin également lors de la grande manifestation organisée par la Troupe Tafsut pour la fête nationale du Québec. Tamazight, la Kabylie, les couleurs, les traditions, les meilleures mélodies de la Kabylie avaient respiré en plein air à Montréal ! C'est au parc La Haie que Tafsut a foncé courageusement pour dire son amazighité et partager la joie des Québécois. Lamara Yaker, qui s'occupe de la logistique au sein de Tafsut, insistait toujours sur le pont entre les deux cultures. «On écoute les musiques de chez nous mais aussi celles du Québec».

Les artistes kabyles de Montréal, qui s’organisent de plus en plus, avaient chanté Matoub à tour de rôle et avec leurs tripes. Rabah Kaddache qui a fait une excellente prestation au Gesù avec sa voix sublime en chantant Idir a émerveillé le public en ce 24 juin 2002 à Montréal. Malek Assirem, Youssef Azzoug, Said Lebah, Karim Slamani, Madjid Ben Belkacem et Mourad Itim de Tirrugza ont tenu à chanter ce qu'ils adorent le plus de leur Kabylie natale. Madjid Ben Belkacem a chanté Ait Menguellet et Chérif Kheddam avec un talent admirable. La totale. C’était simplement génial ! Mourad Itim à la guitarre et Hakim à la percussion ont donné une véritable âme à la Fiesta kabyle sur le Boulevard Saint-Laurent à Montréal.

La troupe d'Ottawa-Hull accompagnée par Mohand Ould Cheikh, Karim Achab et Farida, a réussi à donner une belle prestation que ce soit dans la danse ou dans la mise en scène qui touche au quotidien du monde berbère, de la Kabylie notamment.

La journée du 24 juin qui a drainé une foule incroyable, a été embellie aussi par Sœur Madeleine. Cette sœur chrétienne qui a vécu plus de 40 ans en Kabylie et qui parle notre langue :« Il faut que vous compreniez que vous êtes chez vous ici aussi » tenait à préciser Sœur Madeleine. L'absence de sœur Célia, cette autre amoureuse de la Kabylie était remarquée. Elle avait un empêchement majeur, c'est pour cela qu'elle n'est pas là nous disait sœur Madeleine.

La troupe Tafsut a pésenté son riche programme, chants et danse. Il est à souligner que le spectacle a commencé par la troupe Tafsut enfant, notre avenir. Les enfant ont chanté Tizi-Ouzou se lève de Idir et dansé sur les airs de la chanson de Ait Menguellet JSK reprise par son fils Djaâfar.

Matoub pourra dans quelques années se reposer en paix puisque la relève travaille d'arrache-pied à travers le monde pour consacrer notre amazighité dans l'universel

Encore une fois Merci et tannemirt a Tassaadit Ould Hamouda qui a su créer le cadre pour que les talents kabyles se rencontrent à Montréal et conjuguent leurs efforts pour dire notre culture millénaire. Une leçon d'histoire pour tout le monde.Une personne conséquente à encorager. Mille hommage à toi et à ta famille qui te soutient car, il n'est pas toujours facile d'activer sur tous les fronts. Et toi tu le fais magistralement bien.

Amazighement et Kabylement,

 

Réactions de la communauté amazighe du Québec

Oui effectivement TAFSUT vient de franchir le seuil des prestations artistiques dignes de ce nom. En laissant derrière le joug lourd du folklorisme qui a fait qu'on tournait en rond comme est notre danse. Avec cette chorégraphie , les corps sur scène se libèrent du rythme monotone pour occuper l'espace, le dompter et en faire leur site. Et quel début ?Et quel esthétique ? Ça commence finalement avec une esthétique du deuil, qui est devenu notre lot pendant cette décennie, et ça continue encore. Notre destin est compliqué, la Kabylie est devenue orpheline doublement, c'est le destin de ses enfants voués à la Mort ou à l'Exil ( une seconde mort). La mort dans l'âme le jour ou on a enterré Matoub , une autre mort quand on constatait qu'il ne restait que lui à emprunter les chemins qui montent de cette Kabylie. Aux significations de ces couleurs choisies( le noir , le rouge et le blanc ) et aux deux temps de Yella Yella de Takfa ( l'elegie et le cri , le passage brusque au son hard de la guitare électrique)correspondraient respectivement le deuil, la mélancolie et la sublimation.
Pour l'instant on a pas fait encore notre travail de deuil d'ou notre mélancolie. Y-t-il un remède à l'orphelinat ? La Kabylie est désormais orpheline, d'un enterrement à un autre, un de ces quatre tous les jours de l'année seront des jours de commémoration. A partir de la scène du parc La Haie ,le refus de la soumission et les cris de Tafsut, de la troupe d'Ottawa, de Rabah, de Karim, de Youssef, de Malik, de Said, de Madjid...sont le meilleur échos à notre Kabylie en feu et en larmes.
Y-t-il réellement un océan entre nous et la Kabylie ? Vos cœurs vous répondront : NON !
Reposes en paix A Matoub , qui aurait supporté les balles assassines de la DRS , si ce n'est toi ?
Mélancoliquement votre, Mabrouk Rabahi


Juste un petit addenda qui a son importance. La troupe Tafsut a aussi admirablement interprétée une danse amazighe des Aurès. Admirables et belles étaient ces femmes aussi dans leurs robes chaouies.Bravo à Tafsut, à Tileli n Ottawa, à Malek,Rabah,Youcef, Said, Madjid sans oublier Amara Yaker pour tous ses efforts !
Boualem Aourene


 

Je tiens à remercier la troupe Tafsut et la troupe folklorique d'Ottawa-Hull pour leur belle prestation lundi 24 juin pour la Saint Jean Baptiste, la fête natioanle du Québec. Le parc La Haie a vibré au son de la Kabylie.
Le mérite revient toujours à ceux et celles qui font des choses concrètes, malgré le peu de moyens matériels ou financiers mis à leurs dispositions. La Kabylie a été fièrement représentée à la fête de la St-Jean.
Farid Ben Malek de Averroès