A la pointe de l'épée, une fille de 13 ans veut conquérir sa place dans le monde sportif. A suivre...

Elle parait fluette, a un beau sourire, plisse les yeux devant l'objectif. Comme Samson qui avait sa force dans ses cheveux, Anissa Khalfaoui l'a dans le poignet à la force duquel elle veut, de taille et d'estoc, se frayer un chemin dans la vie mouvementée des escrimeurs, des sabreurs et des bretteurs en tout ordre.

Derrière la fille, il y a la mère Tanya Nassonenko, une Ukrainienne aux yeux myosotis, ancien maitre d'armes à Moscou, diplômée en kinésithérapie. Tanya rencontre Abdelhamid son futur époux à Moscou où ce dernier étudie la biochimie. Peu de temps après la famille s'installe à Dely-Ibrahim sur les hauteurs d'Alger. Tanya Khelfaoui enseigne à l'ISTS, l'institut des sports, le fleuret et le sabre. La vie est belle à Alger, le soleil brille, la mer est fabuleuse quand soudain se lève la tempête. La famille Khelfaoui se retrouve au Canada comme des milliers d'autres Algériens. Persévérante, Tanya Khelfaoui se remet à l'ouvrage: à la fin de l'ouvrage, je touche. Telle mère, telle fille. Anissa fait ses premiers pas, à fleuret moucheté. Elle pare, se fend, frappe de taille et d'estoc, puis, d'une feinte, marque. Fine, mince, agile, elle a un poids parfait pour l'escrime qui demande du souffle et de la souplesse. Au Club des Mousquetaires, au Cepsum de l'Université de Montréal, la mère traine la fille. Cela tombe bien. Tanya Khelfaoui est maitre d'armes au club et les trois mousequetaires ont fait des petits. Anissa pratique deux armes, le fleuret et l'épée, ce qui lui permet d'engranger les médailles dans l'une et l'autre discipline. Au championnat du Québec, elle se classe première, tant à l'épée qu'au fleuret. Elle est vainqueur au circuit provincial également du Canada, à la seconde place et à la huitième place. Pourtant, Anissa Khelfaoui est une jeune fille comme les autres: "J'aime la danse, le hip hop particulièrement, et la gymnastique rythmique". Quand on demande à la mère si ce n'est pas trop difficile de manager la fille, elle répond avec un soupir: "C'est doublement difficile car il s'agit de ma fille. Comme entraineur, je dois être stricte avec elle". Avancer à la pointe de l'épée pour monter sur la première marche du podium.