« Une politique maghrébine commune »

L’Algérie est à deux doigts d’intégrer l’économie mondiale. Mais en vous écoutant, il semble que l’intérêt du pays soit dans le rejet de cette intégration...

On ne peut pas être contre la mondialisation, c’est comme être contre l’atmosphère. L’idéal, c’est d’aller vers une économie mondiale libre, mais avec des règles de jeu équitables. C’est pour cela que nous avons intitulé ce séminaire « Pour une mondialisation équitables ». Or elle n’est pas équitable. Pourquoi ? Parce que les dominants de cette mondialisation libérale veulent le maximum.

Mais en attendant, quelles sont les solutions ?

Les solutions, je travaille dessus avec les pays de l’Amérique latine. Ce ne sont sûrement pas des solutions individuelles. Ce n’est pas l’Algérie qui va s’en sortir toute seule ou le Maroc tout seul, mais ce sont des solutions régionales. Par exemple, en Amérique latine on est en train de réussir un pacte élargi, le MERCUSUR intégré regroupant pratiquement les deux tiers de l’Amérique latine. Là déjà, la solution est plus régionale. L’idéal, c’est d’aller d’abord vers des échanges par compensation.

Dans le cas de l’Algérie, l’intérêt réside dans le Maghreb ?

Absolument. Les échanges entre les cinq pays du Maghreb, c’est moins de 4%, c’est complètement scandaleux. Donc organisez entre vous des échanges. Il faut avoir une politique maghrébine commune face à l’OMC et l’Union européenne

D’après vous, dans l’état actuel des choses, quel sera l’impact d’une intégration à l’économie mondiale ?

Cela ne peut être que négatif, parce que ouvrir nos frontières, ouvrir même à l’investissement direct étranger, ouvrir aux produits extérieurs, ça va nous faire comme au Mexique. C’est-à-dire la libre circulation des produits et des marchandises et l’utilisation de la main-d’œuvre la moins chère. Ils vont susciter la concurrence entre les pays du Maghreb. C’est à qui offrira la main-d’œuvre la plus misérable et on appelle ça la compétitivité. Il faut absolument éviter ce jeu, surtout entre nous et essayer d’y faire face. C’est le seul moyen.

Source: http://www.elwatan.com/2005-06-11/2005-06-11-21045