Le ministère de l'Immigration vient de révoquer le statut de résident permanent de Belhassen Trabelsi, le beau-frère de l'ex-président tunisien. Trabelsi, qui aurait quitté l'hôtel de Vaudreuil-Dorion, entendrait contester cette décision, selon des sources gouvernementales consultées par Cyberpresse.

Le richissime homme d'affaires tunisien a rencontré l'Agence des services frontaliers du Canada après son arrivée à Montréal, le 20 janvier. Les autorités ont déterminé qu'il n'avait pas vécu suffisamment de jours au Canada au cours des cinq dernières années pour conserver son statut.

Belhassen Trabelsi aurait signifié son intention de porter cette décision en appel. S'il perd, il aura toujours la possibilité de demander le statut de réfugié. À Ottawa, on s'attend à ce que ces démarches durent plusieurs années.

Le gouvernement fédéral a réitéré jeudi que les proches de Ben Ali ne sont pas les bienvenus sur le territoire canadien. Depuis le Maroc, le premier ministre Stephen Harper a averti que son gouvernement «utilisera tous les outils à sa disposition pour gérer cette situation et pour coopérer avec la communauté internationale à l'égard de l'ancien régime».

Des sources ont confirmé à Cyberpresse que Belhassen Trabelsi se terrait encore au Château Vaudreuil, jeudi matin, avec sa femme, ses quatre enfants et leur gardienne. Selon TVA, le groupe aurait quitté l'établissement en catimini pour se rendre dans un endroit tenu secret du public, mais connu des autorités.

Tout au long de la journée, hier, des agents de sécurité ont monté la garde à bord de leurs Jeeps noires. Un patrouilleur de la Sûreté du Québec a surveillé la meute de photographes et caméramans qui guettaient attentivement les allées et venues des clients.

Quelques membres de la communauté tunisienne ont tenu à se présenter devant le chic hôtel de l'ouest de Montréal jeudi pour signifier leur indignation envers la présence de Belhassen Trabelsi au Québec.

Nabil Chattali, 47 ans, avait affaire dans la région dans le cadre de son travail de représentant. Un détour par le Château Vaudreuil s'imposait. «C'est une honte que cette famille ait trouvé refuge au Canada!» a-t-il laissé tomber.

M. Chattali s'est présenté à la réception de l'hôtel pour demander à parler à Belhassen Trabelsi. Comme à tous les journalistes, l'employée lui a répondu qu'aucun client ne portait ce nom.

«Ces gens se sont appropriés toutes les richesses du pays en volant le peuple et en instaurant un régime de terreur, a-t-il dit. Comment ont-ils pu obtenir le statut de résident permanent au Canada?»

«C'est avec notre argent qu'il se paye une chambre dans un hôtel aussi chic!» a déploré un jeune membre de la communauté, venu de Montréal uniquement pour voir l'hôtel. Les suites de l'établissement coûtent entre 160 et 180 la nuitée, selon une réceptionniste.

Tard mercredi soir, une cinquantaine de membres de la communauté ont manifesté devant le Château Vaudreuil. «Trabelsi, dégage!» ont-ils scandé en brandissant des drapeaux de la Tunisie. Les manifestants ont quitté les lieux vers deux heures du matin, frigorifiés, exténués, mais confiants d'avoir lancé un message au gouvernement canadien.

«Nous voulons qu'Ottawa l'arrête et entreprenne des mesures pour l'extrader», a dit l'une des participantes, Meriem Benromdhane. Le groupe souhaitait également envoyer un message d'appui à ses compatriotes en Tunisie.

Mercredi, le gouvernement tunisien a lancé un mandat d'arrêt international contre le président déchu et six de ses proches, dont son beau-frère Belhassen Trabelsi. Les sept fugitifs font face à des accusations relatives l'«acquisition illégale de biens mobiliers et de transferts illicites de devises à l'étranger», selon Interpol.

Jeudi soir, les autorités canadiennes ne semblaient pas avoir encore arrêté Belhassen Trabelsi. La veille, la GRC a indiqué que le message diffusé par Interpol ne lui permettait pas d'agir dans cette affaire, puisqu'il ne constituait pas un mandat d'arrêt en vertu du droit canadien.


Source: Cyberpresse