Au deuxième jour du Festival, les projections des films et des documentaires en compétition ont démarré au niveau de la salle des fêtes de la ville d’Azeffoun.

Cette dernière s’est avérée de loin très exiguë pour contenir les centaines de personnes venues assister à la manifestation. Pourtant, le commissaire du festival a révélé, lors d’un point de presse animé dimanche dernier à 16 heures, que la salle a été aménagée selon les normes internationales d’une cinémathèque avec une capacité d’accueil de 200 places. Mais la population de la région, surtout les jeunes a, pendant des années, été privée du grand écran. Et ce festival constitue en quelque sorte une aubaine pour rattraper un tant soit peu le temps perdu. En tout cas, M.Assad a tenu à rassurer que les films présentés lors de ce festival feront l’objet de nouvelles projections aussi bien dans la ville d’Azeffoun que dans les autres régions et wilayas où la demande sera exprimée. Dimanche donc, six produits audiovisuels ont été projetés en public en présence des membres du jury pour l’attribution de l’Olivier d’Or: cinq fictions et un documentaire sur Cheikh El Hasnaoui. Parmi les films, on pourrait signaler celui de Hacene Aït Iftene, «Ahmed Oulkadi, un roi kabyle» qui raconte l’une des figures emblématiques de la Kabylie qui a marqué l’histoire du XVIe siècle.

Dans la soirée, le public a pu apprécier, non sans émotion, une originale fiction de vingt minutes réalisée par Ahmed Nazim Larabi. Ce dernier a eu recours à un genre peu courant dans notre pays. Un film muet mais où la musique a joué un rôle déterminant pour suivre l’angoisse du personnage principal. Ce dernier, un jeune, désemparé, semble être sous l’emprise d’un délire face à l’impasse où l’ont mené ses choix dans la vie. Le réalisateur a vraiment eu recours à un procédé original pour dire la souffrance de ce jeune en mal d’amour. Un jeune, comme le montrent les images sans paroles, en proie au désespoir et qui risque de tomber dans la délinquance. Le réalisateur a voulu sans doute parler du jeune Algérien qui n’a pas su prendre son destin en main. Le film se termine au moment où le jeune met les pieds dans l’eau de la mer dans une ultime tentative de fuir, de se fuir...Mais peut-on vraiment fuir son coeur? C’est là l’un des messages que tente de transmettre l’auteur du film. Le documentaire sur Cheikh El Hasnaoui a permis au public de découvrir des images inédites de l’un des maîtres de la chanson algérienne d’expression kabyle et arabophone ainsi qu’une chanson inédite de celui-ci. Le documentaire offre aussi l’image d’un Matoub Lounès exécutant de main de maître l’une des chansons les plus difficiles d’El Hasnaoui: Tiqbayliyin. Dans ce documentaire, il est aussi question du témoignage poignant de Behidja Rehal qui a eu la chance de rencontrer Cheikh El Hasnaoui chez lui. Elle raconte avec moult détails cette rencontre pathétique. Dans le cadre de la compétition pour le panorama amazigh, les cinéphiles ont eu droit à deux fictions et à deux documentaires. L’un de ces derniers qui porte sur le tapis du Mzab, a été réalisé par Kacem Ben Zekri. Pour la journée d’hier, le festival a proposé quatre projections avec un documentaire sur Kateb Yacine réalisé par Brahim Hadj Slimane et un autre intitulé Paroles d’un prisonnier de l’ALN de Salim Aggar. Dans le cadre du Panorama amazigh, des fictions devaient être projetées comme jenjer de Abdelmalek Saïfi et Tasarut n tudert de Younès Zidani. Lors du point de presse animé dimanche, l’occasion a été donnée à Danièle Maoudj responsable de la délégation corse de parler du cinéma de sa région mais aussi du cinéma algérien en général et amazigh en particulier. Danièle Maoudj a enseigné à l’université de Corse et a organisé des rencontres autour de l’identité et des médias du cinéma et de la littérature méditerranéenne. En 1982, elle a cofondé le Festival du film des cultures méditerranéennes et en 1986, le Collectif antiraciste Ava Basta. Elle est l’auteur de plusieurs articles publiés dans de nombreuses revues dont Peuples méditerranéens, Littérature et Cinéma, Nation...C’est donc riche de son expérience dans le domaine qu’elle prend part au festival du film amazigh. Elle a déclaré devant les journalistes que dans les produits projetés à l’occasion du Festival du film amazigh, elle retrouvait des thèmes qui lui rappellent la Corse comme c’est le cas pour les thèmes de l’exil, la langue, l’identité, la montagne...

Danièle Maoudj a révélé qu’un hommage sera rendu au cinéma amazigh en Corse avec l’organisation prochainement des journées du cinéma amazigh dans une cinémathèque de cette région. Elle a avoué qu’ils ont beaucoup de mal à réaliser des films en langue corse. Mais à une question d’un journaliste sur son opinion sur le cinéma corse et amazigh ou algérien en général, l’oratrice n’a pas manqué d’affirmer qu’aussi bien pour le cinéma corse que pour le cinéma amazigh, il existe un sérieux problème de scénario. Danièle Maoudj a souligné qu’il faudrait, pour parer à cette insuffisance, former des jeunes à l’écriture de scénarios. Et à M.Assad de prendre le relai pour rappeler que justement, dans ce cadre, le festival a lancé un concours du meilleur scenario avec la participation de 49 candidats. Les cinq meilleurs bénéficieront d’une résidence d’écriture d’un mois au niveau de la ville d’Azeffoun, a conclu Assad.

Source: L'Expression


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