Le sort de Tamazgha se joue en Kabylie. C’est un fait. La Kabylie séduit, dérange, résiste et existe toujours et pour toujours n’en déplaise à ses détracteurs. Elle habite ses enfants, hante ses ennemis et impressionne les penseurs par son modèle sociétal.
Depuis l’indépendance de l’Algérie, les pouvoirs consécutifs ont essayé par tous les moyens de l’assimiler en vain. Ses habitants sont animés par des pensées et des actes de liberté. Elle refuse l’ordre établi et affiche sa fierté et son identité dans l’espace public. Elle a eu ses moments de gloire, mais aussi ses moments douloureux. Elle a donné ses enfants à la libération de son pays et pour la démocratisation de ce même pays qui la renie. Du printemps berbère de 1980 au printemps noir de 2001, elle a vécu des hauts et des bas. Le 14 juin 2001, presque 2 millions de ses enfants ont déferlé sur Alger, la capitale des complots, des magouilles, des assassinats et du déni identitaire. Le pouvoir central, ébranlé par la marrée humaine kabyle, a tué 128 jeunes kabyle à la fleur de l’âge et en a blessé plusieurs autres. Une répression que les parents et les grands-parents de ces jeunes victimes avaient connue du temps de la colonisation française. Y’aurait une autre colonisation qui ne dit pas encore son nom? Les actes répressifs répondent d’eux-mêmes à cette question.
Pour la mémoire kabyle
C’est pour que nul n’oublie le 14 juin 2001 et ses sacrifices que le centre amazigh de Montréal (C.A.M) organise une série d’activités ce 14 juin 2014 à Montréal: « Soucieux de maintenir la mémoire collective sur le sacrifice consenti par des dizaines de jeunes Kabyles dans le combat identitaire, le Centre Amazigh de Montréal (CAM), entend faire de la journée du 14 janvier 2014, une journée de souvenir et d’hommage. » (Voir le programme: http://www.amazigh-montreal.org/?p=1241)
Pour mieux saisir la portée de cet événement, M. Kamel Serbouh, président du Centre Amazigh de Montréal ( CAM) depuis 2009 a répondu à nos questions.
Taghamsa : Le centre amazigh a concocté tout un programme pour le 14 juin. Pourriez-vous dresser un tableau de ces activités?
Kamel Serbouh : Azul. L’ouverture de cette journée de la Kabylie se fera par une série de conférences sous forme de table ronde. Quatre thèmes seront abordés : crise Berbériste ou bien crise anti berbériste de 1949, mais surtout faire connaître qui est Benai Ouali et Amar at Hammouda, tourisme en Kabylie , les leçons du 14 juin 2001 et finalement j’écris en tamazight donc je suis. Ensuite, un témoignage d’un jeune kabyle blessé lors des événements de tafsut tabrkat , un documentaire sur les événements de 2001. Le tout sera clôturé par un gala artistique en soirée.
Quel est l’objectif de ce programme ?
C’est une rencontre entre le kabyle d’ici et sa terre natale, parler des richesses et de la particularité de cette région, la faire connaître aux autres communautés, mais aussi et surtout pour que cette date reste dans notre mémoire à jamais. C’est dans le but de faire vivre et revivre à notre communauté les moments, certes tragiques, mais combien glorieux et emprunts de fierté, que nos frères et sœurs ont vécus ce jour-là.
Le CAM a mobilisé toute une panoplie d’artistes pour un spectacle. Ces artistes vous ont-ils exigé une contrepartie?
Non, aucune contrepartie, il s’agit là d’un acte de militantisme, tous les kabyles sont concernés par cette cause.
Les conférences traiteront-elles toutes de la Kabylie?
Il va y avoir une communication sur la langue TAMAZIGHT
Que mettrait en évidence le documentaire ?
L’événement de 2001, mais surtout la marche du 14 juin 2001. Enraciner dans les mémoires cette date.
Le mois de juin rappelle beaucoup de moments douloureux, mais aussi l’ampleur de la mobilisation de la Kabylie contre le pouvoir central d’Alger. Serait-il un travail de mémoire ou de mobilisation qui sortirait de cette activité?
Les deux. C’est une manifestation de mobilisation, de sensibilisation de notre communauté et soucieux de maintenir la mémoire collective sur le sacrifice consenti par des dizaines de jeunes Kabyles dans le combat identitaire, le Centre Amazigh de Montréal (CAM), entend faire de la journée du 14 janvier 2014, une journée de souvenir et d’hommage. Mais aussi le monde entier doit savoir ce que le pouvoir algérien a fait en Kabylie en 2001.