Rude et froid comme j'ai appris à le connaître depuis dix huit ans, ce début d'hiver est bien agité. A vrai dire, il ne m'impressionne plus. Je l'ai tout bonnement, disons, un peu apprivoisé.

Au delà du Québec et son froid mordant, le monde extérieur se mue encore dans les marasmes politiques, les guerres, la famine, le chômage, la corruption, et l'injustice. Ce monde est otage de son actualité boueuse et sanglante. Et par -dessus tout ce vacarme, dame nature voyage allègrement, d'une contrée à l'autre, se déchaîne férocement et décime , dans sa folie furieuse, des vies humaines et dans le même temps, détruit les rêves et espoirs des survivants. Rien n'est normal. Tout est de travers. On aurait dit que, pour l'an 2014, tout le monde s'est entendu pour se lever du mauvais pied. Il est somme toute naturel, de subir, du fait de l'homme, tous ces chamboulements climatiques. Mais encore subir son ambition démentielle à vouloir changer le monde par le bâton et la foudre des canons ? . Les conséquences de la politique étrangère américaine montrent le bout du nez. Partout où l'oncle Sam s'est embourbé dans des conflits qui ne le regardent pas, comme en Irak et en Afghanistan, rien ne va plus. Partout où la CIA a secrètement incrusté yeux et oreilles électroniques, la fumée commence à sortir par les narines impérialistes du gendarme du monde. Comme ce dernier est difficile à retenir les erreurs du passé, il s'embourbe encore profondément dans ses dépenses militaires et l’appauvrissement de ses citoyens. L'arbre des "démocraties" qu'il a réussi à planter dans les points chauds du globe lui retombe fatalement sur la tête.

En Asie, la tension est maintenue entre les deux Corées. Ces pays en sont à aiguiser leurs couteaux et à huiler leurs machines de guerres. Les parasites du monde diplomatique s'en lavent les mains et abandonnent, comme à l'ordinaire, le contrôle total à l'administration américaine. Le lynchage des populations en Syrie se fait dans l’indifférence totale. En Afghanistan, avec Hamid Karzai, les choses n'ont pas bougé. C'est toujours la guerre. En Irak, l'ordre public imaginé par les américains est rentré chez lui, à vive allure, fauchant la démocratie sur son passage et la laissant pour morte.

Les révélations de Wikileaks , vieilles de quelques années, continuent à faire mouche. À faire mal là où ça fait mal. Les ponts de la confiance entre les États-unis et le reste du monde grincent sous le poids de ces révélations ultra sensibles. Tout va mal.

Mais à Abû Dhabi, où tout semble aller pour le mieux, les rejetons de sultans et d'émirs, entourés de vedettes d'Hollywood, se font photographier avec Abou Noêl devant un sapin chancelant sous le poids d'un bric -à- brac coûtant , au bas mot, douze millions de dollars. De nos jours, ce qui se passe là-bas, dans ces régions du faste à emporter, n'étonne plus personne. Et cela ne date pas d'hier. Déjà, et on s'en souvient, juste pour son quatorzième anniversaire, le prince Abdelaziz Ibn Fahd, a reçu trois cents millions de dollars. Aux yeux de la famille royale, plus regardante lorsqu'il s'agit de prêter assistance aux pays frères, ce montant représente une bagatelle. En veux-tu, en voilà, Fiston! C'est, à quelques rials près, trois fois le prix des armes que la CIA a refilé à la résistance afghane pour écraser les troupes régulières de l'armée russe.

Déjà, à cette époque, je commençais à ne pas sentir les américains en fine fleur, ainsi que certains monarques arabes et chefs d'États serviles. Je cite, pour ne pas les nommer, le Roi Hussein de Jordanie qui a collaboré avec la CIA pendant vingt ans et le président libanais Béchir Gémayel, chef de la milice phalangiste, qui, lui, en plus d'avoir flirter avec la CIA qu'il courtisait depuis ses études en Amérique, s'est offert le luxe de coopérer avec le Mossad israélien. Amin Gémayel, après son accession à la présidence suite l'assassinat de son frère Béchir, en à lécher de la botte lui aussi, puisque c'est lui même qui a autorisé les services secrets de son pays à donner au Mossad des informations concernant les positions de la résistance palestinienne. Le roi Hassan Deux du Maroc s'est fait aussi ami ami avec la CIA à laquelle il devait le maintien de son règne pendant vingt deux ans en échange d'un laisser passer permanent, en quelque sorte, un champ libre aux agents de l'agence pour organiser, entre autres, d'importantes et délicates opérations sur le détroit de Gibraltar.

Remarque, en ce temps et même aujourd'hui, il y a toujours de l'argent à jeter par les fenêtres et autant à recevoir en livrant d'autres arabes aux seigneurs du monde et leurs associés. À bord de leurs luxueux bateaux de plaisance ( et de plaisirs) , ces monarques et leurs avortons , rassemblent toute la racaille de l'or noir en des soirées bien arrosées. Tant qu'il y a du pétrole, le champagne coulera à flots.

Montréal, 7 janvier 2014.