Je ne commencerai pas par des citations d’Adam Smith, de Milton Friedman, de Bolivar, d’Einstein ou de Brejnev. Ce sont des êtres, qui ont du vécu et parfois, un excès surdimensionné d’intelligence extraordinaire.  Je pèse mes mots et je sais de quoi je parle, par connaissance de cause et par appartenance génétique purement algérienne. Je ne suis ni Omar Aktouf ni Réda Hamiani.


Je peux commencer par contre, par une citation du terroir qui demeure toujours d’actualité et représentant l’indice comportemental des agissements des peuples. Dans un sens figuré et non péjoratif, et ne m’accuserez pas d’antisémite; mes parents, mes voisins, les gens ordinaires et le monde algérien en entier disaient, et ce, depuis la nuit des temps que; quand la ville musulmane se vide de ses affables leaders, c’est l’être juif qui deviendra le muézin et lancera l’appel à la prière (mine takhla lemdina, yarjaâ adanha yahoudi).

Omar Aktouf, dans une contribution récemment publié sur les colonnes du journal El Watan, a lancé un cri, un profond cri de cœur pour dénoncer intellectuellement, scientifiquement, économiquement et socialement, les dérives conduisant au saccage de notre si jeune pays et à sa ruine.

Cette sortie n’a pas plu ni charmé les fourmis ravageuses et mangeuses de chair.  Ces bestioles, c’est-à-dire, les fourmis capitalistes exterminatrices (FCE) ont répliqué pour, primo, discréditer et dénigrer le vrai homme authentique, le combattant dénonciateur et le Robin des Bois des démunis, des dépourvus, des dépouillés et des désargentés.  Secundo, pour nous réexposer leur recette en cinquante points, une recette dont l’objectif est d’en finir à tout jamais avec les os du squelette de la chère Algérie devenue vide de sang, ôtée de chair et nue d’âme.

En analysant les cinquante (50) propositions du FCE, une expression québécoise jaillit et fuse tel un projectile.  J’ai mon voyage!  Qui veut dire je suis étonnamment étonné.

Le FCE propose une recette qualifiée à mon humble avis , d’arme de destruction massive.  La dite recette risque d’être bannie par le parquet de Ban Ki-moon et le White House de l’oncle Sam.

Le cadre des propositions et les mesures connexes tel que soumis montrent la bonne volonté de contribuer à placer «l’entreprise algérienne au centre du développement économique et social.» Tout un programme!  Toutefois, l’emphase de la rigueur des propositions est disproportionnée et démontre une hypocrisie alimentée par un excès de zèle qui sous l’apparence d’un bénéfice se révèle être une malédiction, un cadeau empoisonné quoi !

Le cri du Cœur du Homard, je veux dire d’Omar a provoqué un mal des têtes d’entreprises et par le fait même a déclenché d’atroces douleurs d’hémorroïdes aux petits troufignons fourmidables.  Il n’en demeure pas fantastique ou sensationnel que le groupe invite, pardon, renvoie Aktouf à bien lire les cinquante propositions, pour avoir l’insigne honneur de les critiquer et surtout ne pas les rattacher à une forme quelconque de libéralisme sauvage.

Mais le hic, quand on commence à dérouler à loisir une à une les cinquante propositions, on ne peut pas, sans souffrir de pénibles épreuves, passer à la suivante et ainsi de suite.  C’est une sorte de litanie sans discontinuer!

À titre d’exemple, dans le cadre de la mesure de relance et de soutien de l’investissement, une extravagante proposition m’a interpellé et beaucoup plus m’a apostrophé.  « Rétablir la liberté totale de l’acte d’investir : L’investissement est libre et n’est soumis à aucune autorisation ou agrément ».  Le mot rétablir est très fort, il fait appel à l’ordre, à la reconstitution et à la réhabilitation d’une autorité anarchique, pleine de désordre et de la confusion.  Alors, d’entrée de jeu le signe de la bigoterie est de mise.  Que veut dire rétablir la liberté totale de l’acte d’investir?  Depuis que l’Algérie s’est ouverte sauvagement à l’économie du marché, elle n’a pas cessé d’accuser les multiples faillites des structures gigantesques au profit d’une poigné d’individus recyclés en investisseurs hommes d’affaires.  Ils se seraient approprié les structures à prix symbolique au nom de l’investissement.  Il faut dire, oui je serai d’accord, rétablir l’ordre dans l’acte d’investir pour que l’investissement soit soumis à la rigueur et à l’éthique.

En conclusion et en lisant tel qu’il a été ordonné à monsieur Aktouf par le FCE, les cinquante propositions, nous pourrons constater que l’environnement politique, économique et social de notre chère Algérie a atteint l’apothéose de l’anarchie et si par miracle un ordre advenait, la poigné d’individus sortira gagnante et s’accaparera  par appropriation de toutes les structures, les installations et les assises. Voilà un tour de magie que peu d’entrepreneurs sont capables de réaliser. Ils sont à mon sens dignes de décrocher le prix sanctionnant « la proposition économique hors du commun» de notre fondation Club Avenir qui, depuis sa création, octroie  ce type de distinction à des compatriotes, dont la plupart s’effacent, comme par enchantement, de la circulation au Québec! Pardon, seule résiste et c’est l’exception de la règle, notre honorable ambassadeur, représentant de l’Algérie au Canada.

Enfin, et comme l’a bien précisé Omar Aktouf, évoquant Adam Smith le père spirituel absolu des néolibéraux: «Laissez trois businessmen faire du business sans surveiller ce qu’ils font et vous avez trois brigands !».  Le FCE a de l’intérêt  à miroiter et à mûrir, étant dans la mouvance des jardins mûrs, ses réflexions interventionnistes et faire du vrai ordre autour de son nombril avant de proposer des mesures de relance pour une économie nécessitant à priori, une chimiothérapie très profonde.


Lahouari Belmadani (Houari Weldmaraval) est titulaire d’une maîtrise en gestion des PME et de leur environnement.