Chaba Kheira, la coqueluche de la chanson Raï, tourne la page des années lumières et décide, de son propre chef, de se purifier et de s’occuper de sa petite famille.  Son mari Baba, depuis son acquisition du prestigieux club de football oranais, le Mouloudia d’Oran, ne trouve pas le temps, même pour gratter la peau de sa chevelure.  Son grand fabuleux cabaret, le complexe Mezghena a été mis en vente, au grand complet, chanteurs, berrahs, danseuses et par-dessus tout cela, étaient inclues les entraîneuses (soupeuses).


Le Mezghena est une forteresse situé au sommet du Cap Falcon avec une vue sur mer et trois entrée cardinales soit, le Sud, l’est et l’ouest.

C’est un petit gouvernorat indépendant dans le sens large du terme, situé dans un grand État souverain.  Son gouverneur est le propriétaire-possesseur et l’actionnaire majoritaire unique.  Les différents ministres chargés de plusieurs portefeuilles, sont les videurs de la boite.  Ils ont été recrutés par le biais d’un processus rigoureux et sur présentation d’un portfolio contenant au moins un jugement de culpabilité grave, émanant à cinq ans d’incarcération.  À vrai dire, la gestion des portefeuilles est de s’assurer de vider et anéantir les bourses (chkara) des clients (populace) dans un temps record ne dépassant pas le crépuscule précédant l’aurore.

La fonction publique de ce petit État est formée de l’ensemble des chanteurs, Chebs et Chabates.  À cette nomenclature structurelle, il faut ajouter les danseuses et les entraîneuses.  Pour ces dernières, la qualification essentielle est le sourire charmeur et séducteur pour faire tomber le client fortuné dans l’arnaque d’un amour aveugle.  Ces fonctionnaires travaillent à commission : plus que la chkara se vide, et plus rapide est le versement d’une ristourne de 30% assurée au bénéficiaire.

Notre premier ministre, le sieur Ahmed Ouyahia, connaît très bien les dessous, les dessus et l’intime profondeur des cabarets de l’Algérie.  Ça veut-il dire que notre premier ministre fait des visites régulières à ces endroits où la pudeur, la vertu, la retenue et l’honnêteté ne sont pas à leur place?  Sont-elles des visites d’inspection de contrôle ou des visites de plaisir?  En tous les cas, sa déclaration en dit long.  « Il y a beaucoup d’argent mal acquis en Algérie qui est dépensé comme dans un cabaret national, et je m’excuse du terme ».  Pourquoi vous vous excusez monsieur le premier des ministres, saisissez l’occasion qui se présente et procurez-vous le Mezghena.

Vous savez, avec la soixantaine de députés « conquis ?», aux dernières législatives, il serait évident en pays et non en K barré qu’aucune chance ne vous est laissée de vous assoir une autre fois sur la chaise du premier ministre.  Si ça ne sera pas Zizou, il y aura probablement, Ghoul ou Amar Tou.  Le tout serait calculé et vous n’êtes pas, semble-t-il malheureusement dans le planning ni dans les considérations.  Vraiment, votre jardin a dépassé l’étape du mûr, il est devenu pourri en dépassant l'appoint (Jnanek tab hata khmaj).

Votre expérience est transférable au sein du Mezghena.  Les mêmes instructions vous pourrez les passer aux ministres videurs et aux fonctionnaires chanteurs pour fredonner la pomme abimée aux pauvres citoyens.  La seule différence, c'est que vos futurs citoyens sont vos ex complices de l'ancienne vie politique.

Vos habitudes vont demeurer telles quelles.  Vous allez avoir la belle table, le cigare à la bouche, les serveurs au moindre signe de l'index et les entraîneuses attentives à vos signaux ravageurs.