D’entrée de jeu et pour préciser un point crucial, je dois vous avouer qu’un étrange sentiment de manque d’inspiration habite mon intérieur, et ce, depuis que le onze national a donné le plus beau cadeau à la nation algérienne, a réconcilié la fraternité entre le peuple et par le fait même a prolongé la durée de vie du mandat présidentiel pour Ad vitam aeternam.

Mon esprit, curieux  de nature, ces derniers jours, a été remplacé par la folie furieuse de visionnements à la fois, des vidéos You tube et le feuilletage virtuel des journaux, forums et blogs parlant de la crise politico-sportive entre deux pays, autres fois, jadis et naguère arabes et soi-disant musulmans.

L’Égypte a apparemment enlevé de son syllabus pédagogique de la langue seconde le One, Two, Three par peur que les élèves poursuivront par automatisme le viva l’Algérie.  De l’autre côté, les algériens se félicitaient à l’Aïd Al-Adha en évitant de dire la célèbre phrase coutumière Aïd Moubarak.  Le destin a fait que le réflexe avait formulé la phrase à Aïd Saïd Bouteflika.  Ça sent déjà un Aïd d’une saveur électorale.  Il faut bien comprendre que la saveur du Méchoui a été troquée par le sacrifice au pays de Si-Omar El-Bachir.  Chapeau bas à nos vigoureux valeureux supporteurs du pays du Darfour.

Je tiens à remercier mon ami Saïd, pas l’autre ami.  Saïd le Apolitique, celui qui a le sens de la fiesta conjuguée au sens des affaires.  Saïd, ou comme je l’appelle, Lkbaili, le nouveau propriétaire du restaurant Al-Djawhara.  Merci d’avoir donné à ton établissement ce merveilleux nom.  Ce patronyme nous fait rappeler les meilleurs moments inoubliables des cabarets du raï de la corniche oranaise.  Al-Djawhara est aux talentueux chanteurs ce que le Madison Square Garden est aux artistes américains.  Abderahmane Djalti, peut fièrement, à l’avenir,  se péter les bretelles et jurer qu’il a chanté sur les estrades du fabuleux cabaret Al-Djawhara.

Merci également à monsieur Lahlou qui a su donner avec brio une belle veillée familiale et offrir un cocktail d’artistes locaux en support à un artiste invité qui n’a pas eu froid aux yeux et oser se nommer l’ange de la chanson Raï. Avouez qu’après avoir eu un King et un prince, il nous manquait qu’un ange!

Je n’en ai rien contre l’être humain formant l’artiste.  Chose certaine, il est très gentil, social et algérois.  Le seul Hic, comme disaient nos aïeuls et compatriotes québécois, il n’est pas fait pour chanter. Du tout.  Son destin, sûr et certain, est destiné pour faire autre chose que se donner en spectacle de chant.

Le raï n’a jamais était sale pour avoir la pitié de certains afin d’être nettoyé.  Le raï n’a onques quêté d’oreilles ou supplié de prétendues propres voix moyennant son écoute à la télé, la radio ou au sein des foyers.

Je pleure mon Raï et j’ai de la tristesse à le voir international.  Mon Raï n’est pas un Jazz, il n’est pas le Blues non plus.  Je m’ennuie de mon Raï que j’écoutais en cachette à travers une cassette.

Vive l’interdit qui me donne la ligne du respect et me pousse d’oser à prendre une liberté rigoureusement tabou.

Mon vrai Raï c’est de la prose.  C’est du lyrisme hymnique.  Sa beauté envoutante et ces vers de poème romantique me font rêver et me permettre à atteindre l’au-delà.

Mon vrai Raï est un fonceur, mon vrai Raï est un franc-tireur, il n’a pas froid aux yeux et il ose de dire qu’ils l’ont trouvé entrain de se souler avec son oncle, le frère de sa mère (sabouh yesker avec khaleh kho mah).  Mon Raï racontait l’interdit, le sidéré et le confondu. Mon Raï, en fait, c’est Derna l’amour fi barraka Mranka.

Avant son entrée sur scène, l’artiste a été présenté par une admiratrice qui a failli pleurer et verser des larmes en signe de reconnaissance à cet emblème qui lui a permis d’écouter le raï en famille.  Toute une insulte pour les amateurs de la chanson du terroir, la chanson clandestine, la vraie chanson interdite quoi?

Je vous avoue qu’il manquait au répertoire chanté par l’invité venu d’Algérie  que Hadiqati ana alawane ane naftariqua, une très belle chanson sur laquelle l’animatrice de l’émission Hadiqua sahira, Mama Nadjwa, saluait, pour son départ, les enfants collés sur la télé.

J’ai fait de la grande baboune tout au long de la soirée.  Je suis resté replié sur moi-même et les bras croisés jusqu’au moment ou notre chaba montréalaise ait fait son entrée sur scène pour donner un sens underground à la cérémonie.

Je ne me suis pas empêché de danser sur une chanson glorifiant nos verts.  Il vaut mieux retourner dans l’ambiance festive, vivre la joie de la gloire et la qualification de notre patrie à la grande fête au pays de l’oncle Nelson Mandela.

Nonobstant, je ne vous cache pas ma déception et mon blâme sur ma personne égoïste, insensible,  narcissique, individualiste et égocentrique.  L’amour d’El Khadra a déplacé des foules et a suscité certaines personnes à risquer leur vie et celle de leurs progénitures.  Moi, l’égoïste, j’ai pensé à moi, à mes enfants, aux examens de fin d’étape et à être plus catholique que Benoit XIV.  J’ai même osé aller travailler et suivre le match en streaming sur Internet.  Aucun sens du devoir.  Je me doute de mon algérianité.

Je ne mérite pas le chapeau bas de la fierté algérienne d’Ahmed, fils du bonheur. D’ailleurs, quand j’ai lu son hommage aux organismes communautaires œuvrant pour le bien de la communauté algérienne, j’ai eu l’idée de mettre mon épaule à la roue, mettre de l’eau à mon jus de raisin ou apporter de l’eau au moulin.  J’ai pris le temps nécessaire de mâcher mes mots même ma langue, je l’ai tourné cette fois dans ma bouche avant de coucher cette petite minute.

Je me suis assis en indien à terre car l’altitude me fais perdre la raison et pourtant, je n’en ai jamais mis les pieds en terre Péruvienne.  Nullement aussi, l’occasion ne m’est pas présentée pour atteindre le sommet du Machu Picchu.  Par contre, chaque matin, j’ai l’énorme plaisir d’apprécier l’air pur des hauteurs de la cité vierge à travers son café corsé et torréfié à la française.  Un café cultivé dans les montagnes luxuriantes où aurait été la résidence de l’empereur Pachacuti Yupanqui.

Je me considère comme un amish.  Dans ma communauté, je suis heureux comme un poisson dans l’eau.  Nous sommes un peuple uni, un peuple qui s’adore les uns vers les autres.  Notre communauté amish est indivisible.  C'est-à-dire, des individus visibles ou dans le jargon canado québécois, une minorité visible.  On reconnaît facilement l’arabe et le kabyle, le dziri et le wahrani, le chawi et le tlemsani.

En novembre 2001, l’interprète de Beni Tala, Cheikh Mohamed El-Mazouzi, était le premier algérien à mettre les pieds sur les planches du Gésu.  Une joie énorme couvrait l’âme de mon intérieur et je n’avais aucun besoin de soigner le complexe d’infériorité.  Huit ans plus tard et exactement jour pour jour, pour la seconde fois, j’ai franchit les somptueux portes du prestigieux théâtre le Gésu.  Cette fois, ce n’est pas pour assister à un spectacle de chant ni pour apprécier une pièce de théâtre.  Cette fois c’était, à ma grande surprise, pour assister aux hommages de mes compatriotes cadeautés par le club à but non lucratif.  Oui je tiens à le préciser.  Il s’agit d’un organisme à but non lucratif.  Contrairement à la première fois, je ne sais pas pourquoi, mais j’avais un sentiment de nain plein de complexe d’infériorité.

Tant pis pour moi et tant pis pour mes sentiments.  L’essentiel c’est ma communauté.  J’ai comme une petite crainte pour ceux et celles qui ont été honorés.  Il me parait qu’il y a une certaine légende urbaine qui circule.  Par expérience et preuve à l’appui, que certaines personnes louangées, honorées, élevées au rang de réalisateurs d’actions uniques et même hors du commun, sont victimes d’un malheur et cela juste après que la reconnaissance leur est signifiée.  Et dans ce cas, que Dieu protège notre ambassadeur et les autres  lauréats!


Houari weldmaraval - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.