Après avoir jeté un pavé dans la mare avec son premier livre Ma vie à contre Coran, l’écrivaine Djemila Benhabib récidive avec Les Soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident. Elle y pourfend le visage plus respectable que tentent de se donner les tenants de l’Islam politique et l’attitude complaisante d’une partie de la gauche québécoise.



Quels sont les différents courant de l’Islam?
On pourrait dire qu’il y a deux islam. L’islam ordinaire de monsieur et madame tout le monde qui se traduit par une pratique discrète de la foi. Et un islam militant qui veut transformer les structures sociales et politiques aussi bien en Orient qu’en Occident. Dans cette mouvance-là, il y a des gens qui tuent et qui pillent, les djihadistes et les idéologues, qui conceptualisent. Ces derniers sont incarnés principalement par la Confrérie des Frères musulmans. Bien sûr certains font la différence entre les idéologues et ceux qui commettent des actes terroristes. Pour ma part, je pense que les idéologues islamistes comme Tariq Ramadan mènent le monde au chaos.

Quelles erreurs de la gauche québécoise dénoncez-vous?
On note une grande vulnérabilité et une mollesse inouïe de la gauche québécoise face aux revendications des islamistes, comme par exemple dans le dossier du port du voile. Quand la Fédération des femmes du Québec tolère le port de la burqa pour les éducatrices de garderie en charge d’enfants de moins de 6 ans, je me demande si un mouvement féministe dans le monde a déjà commis pire dérive? Dérive encouragée par Québec solidaire qui donne une légitimité impardonnable à la mouvance islamiste en dépolitisant la question du voile. En encourageant les accommodements religieux, comme le font les intellectuels multiculturalistes et tiermondistes, on est en train de briser l’un des fondements de la démocratie, soit l’égalité des citoyens.

Le printemps arabe est-il porteur de bonnes nouvelles pour les femmes?
Tant et aussi longtemps que la source principale du droit dans les pays arabes sera la charia, il n’y aura pas de droit des femmes. Par exemple, les femmes tunisiennes étaient en droit d’espérer que la loi inégalitaire en matière d’héritage soit changée avec la révolution. Eh bien non, elles visent plutôt la préservation des acquis face à la montée de la mouvance islamiste. Le constat en encore plus alarmant en Égypte. On ne pourra pas améliorer le statut des femmes sans séparer le politique et le religieux.

Comment votre vie a-t-elle changé avec votre premier livre?
Je vis dans un endroit assez reculé qui me permet de me consacrer à la réflexion et à l’écriture. Ma vie n’a pas changé, mais  évidemment quand je me déplace, il y a des précautions à prendre. Par exemple, mon amie comédienne, Rayhana, a été aspergée d’essence en plein Paris, alors qu’elle se rendait au théâtre pour présenter une pièce sur les femmes algériennes. On a tenté de la brûler. Quand on brise le silence, on prend un risque mais il n’est pas question de me taire sur les risques liés à l’Islam politique et sa doctrine totalitaire.


Source: Journal Métro - Montréal